Michel-Marie MAUDET
5 min readDec 6, 2020

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Sans le savoir, j’ai fait de la #GoodTechForGood en 1991…

A l’heure où l’on parle de plus en plus de la #GoodTechForGood, c’est à dire de développer des technologies ouvertes et éthiques ayant un impact positif pour l’Homme, la Société et la Planète, je me suis rappelé que je ne suis pas arrivé à LINAGORA par hasard… et j’ai pu expérimenter cette tendance au début des annnées 90 !

Mon aventure informatique a débuté en 1984. Très vite j’ai programmé… beaucoup programmé en Basic puis en Turbo Pascal. J’ai participé en autre à l’écriture vers l’age de 11 ans à un logiciel complet sur DBase pour gérer des compétitions de Biathlon qui a rencontré un certain succès puisqu’il a été utilisé même en Espagne…

Mais une de mes plus belles réalisations concerne un magnifique projet de GoodTech. En 1991, je suis rentré au Lycée Pilote Innovant qui permettait à l’époque en parallèle des cours de mener des Activités Complémentaires de Formation. Mon professeur de techno en second, il me semble Jean-Marc Kontzler détecte chez moi un intérêt particulier pour la programmation. Lui avait l’idée d’apporter une solution pratique pour les personnes mal voyantes. Rappelons nous que les téléphones mobiles n’existaient pas. Son idée est très simple : si une personne mal voyante se perdait en ville, elle pouvait se rendre dans une cabine téléphonique (qui n’existe plus d’ailleurs aujourd’hui), et appeler un numéro d’urgence gravé sur un des supports nous permettant à l’époque de poser son sac ou son porte monnaie pour trouver les pièces pour payer l’appel. Un code d’identification était aussi inscrit permettant ainsi à l’opérateur d’indiquer la localisation de la personne appelante. J’ai trouvé de suite l’idée géniale !

Ma plus belle motivation a été ma rencontre avec un certain Michel, cadre chez France Telecom à l’époque, mal voyant qui m’a fait vivre pendant une journée complète son quotidien. Et là, cela a été une révélation. Je devais réussir et apporter cette solution coûte que coûte.

Plusieurs défis se présentaient alors à moi :

  • découvrir le langage Braille et sa syntaxe (j’en ai encore 20 ans plus tard gardé la possibilité de “lire visuellement”),
  • écrire un traitement de texte permettant tout à chacun d’écrire du texte, le système devant faire la transposition et ajouter les caractères spéciaux d’annotation (passage en majuscule par exemple),
  • puis piloter une machine à commande numérique SOMAB pour emboutir des matières dures afin de faire ressortir des caractères sur des plaques d’aluminum de plus de 2 mm, des supports plastiques, des feuilles cartonnées épaisses…

Ce projet m’a occupé durant mes 3 ans de ma scolarité au LPI aux côtés du rugby, des soirées et de ma préparation pour entrée dans l’Armée de l’Air.

Soutenu par la Direction de l’établissement et avec un moment de gloire avec un passage dans Nul Par Ailleurs avec le génialisime Jérôme BONALDI, nous avons réussi avec quelques élèves ayant accepté de me suivre dans cette aventure merveilleuse à apporter la solution attendue.

Le traitement de texte a été écrit en Turbo Pascal. Ce dernier apportait une ergonomie de la référence de l’époque Wordstar et générait un fichier en langage ISO qui permettait ensuite de piloter la machine outil avec les commandes nécessaires pour piloter un poinçon (qui nous a empêché de dormir et qui a été la partie la plus coûteuse du projet) qui emboutissait les plaques destinées à être installées dans les cabines téléphoniques puis plus tard dans les ascenceurs.

Le résultat après de multiples échecs, et ajustements pouvait ressembler à celà :

Je suis sur que certains d’entre vous ont croisé au moins une fois dans leur vie ces inscriptions qui se sont depuis généralisées dans les ascenceurs, les musées et autres lieux publics nécessitant une signalétique particulière.

La plateforme de partage de code telles que github ou encore gitlab n’existaient pas encore mais rappelons nous que dans les années 80–90, le partage du code source était la règle. Tout est resté propriété (mais ouverte) au sein du Lycée Pilote Innovant à Poitiers. J’ai par ailleurs publié à cette époque des centaines et centaines de lignes de code dans des revues comme Théophile puis plus tard dans Linux Pratique…

Alors que retenir de cette expérience : de magnifiques rencontres, des challenges techniques, des coopérations avec des acteurs externes au Lycée, du Lean Management, du Test & Retry… bref des valeurs qui m’ont forgé et m’ont permis plus tard de contribuer à la création de la #FantasticEnterprise LINAGORA.

LINAGORA a toujours été une Entreprise à Missions mais l’affirme publiquement plus fortement depuis quelques semaines (après le passage par la case COVID 19 pour mon associé Alexandre ZAPOLSKY).

Notre ambition est de populariser les principes de la GoodTechForGood qui va sans nul doute devenir dans les mois prochains mois le socle de nos valeurs les plus fondamentales au quotidien et les bases non négociables de nos futures coopérations avec le reste de l’écosystème FrenchTech et Open Source français et européen.

Si vous avez vous aussi eu des expériences similaires ou que vous souhaitez contributer à un projet à fort impact, portant des valeurs éthiques et bien entendu avec un objectif de fabriquer des communs ouverts non privateurs, on peut se parler et voir comment s’aider mutuellement !

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Michel-Marie MAUDET

Co founder of #LINAGORA. Software provider. #Twake Open Digital Workplace. #GoodTechForGood #3rdDigitalWay #FantasticEnterprise